Pour partir du bon pied : l’importance des premières heures de vie
- 24 septembre 2021
L’automne frappe déjà à nos portes et plusieurs vivent avec de nombreux vêlages en cette période de l’année. La saison des naissances, par son nombre élevé de vêlages et les conditions environnementales de la saison, amène souvent son lot de problèmes respiratoires et de diarrhées.
Les problèmes respiratoires sont généralement plus prévalents à l’automne et en hiver alors que l’incidence de la diarrhée est plus importante en hiver. Les premières heures de vie de la génisse sont le point tournant afin d’assurer ses performances productives futures.
Le colostrum, vedette de votre protocole de soins
Depuis plusieurs années, l’industrie s’entend pour dire que la prise rapide d’un colostrum de qualité en bonne quantité est la clé pour des génisses en santé. Les anticorps colostraux protègent le nouveau-né pendant les premières semaines jusqu’à ce que le système immunitaire mature produise ses propres anticorps protecteurs.
L’échec du transfert d’immunité passive survient à cause de plusieurs facteurs et peut favoriser l’apparition de problèmes respiratoires et de la diarrhée. Ce sont des problématiques d’élevage connues et de nouveaux résultats de recherches nous démontrent pourquoi il faut s’y attarder.
Revenons rapidement sur les concepts importants en début de vie. Les besoins du veau sont de 300 g d’anticorps ingérés (Godden, 2020). Plus le colostrum est de bonne qualité, plus il a de chance d’atteindre un niveau adéquat d’anticorps. Ce premier boire représente 10% du poids du veau et doit être administré dans les 2 premières heures de vie du veau (maximum 6h) afin d’assurer l’absorption par l’intestin et de restreindre les risques de contamination du colostrum par les microorganismes. La cible maximale de bactéries pour le colostrum est de <100 000 cfu/ml bactéries totales et <10 000 cfu/ml de coliformes.
Catégories | Cible en % des veaux par catégorie | Niveau de Brix (%) |
Excellent | > 40 % | > 24 % |
Bon | ~ 30 % | 22-24 % |
Moyen – correct | ~ 20 % | 20-21 % |
Mauvais | < 10 % | < 20 % |
Problèmes respiratoires
Les problèmes respiratoires surviennent majoritairement lors des changements de température de l’automne et de l’hiver. Les génisses ayant souffert de problèmes respiratoires avant le sevrage ont 14% moins de chance d’être inséminée ou d’atteindre le premier vêlage (Abuelo, 2021). Ce qui se traduit par 2,85 fois plus de chance de mourir et 2,30 fois plus de chance d’être retirée du troupeau avant le premier vêlage (Buczinski, 2021). Si elles passent au travers cette sélection (entonnoir) et vêlent elles seront moins productives de 120 à 525 kg de lait à 305 jours de production pour la première lactation, selon l’ampleur des problèmes respiratoires (Closs, 2017 – Buczinski 2021 & Dunn 2018). Voilà qui donne à réfléchir pour mieux gérer les paramètres de début de vie et les conditions environnementales de votre élevage.
Diarrhée
La diarrhée peut causer bien des maux de tête lorsqu’elle survient au sein des entreprises laitières. Déjà en 1986, Walter-Toews mentionnait qu’une génisse ayant eu un épisode de diarrhée en période pré-sevrage avait 2,86 fois plus de chance de vêler après 30 mois. Plus récemment, Svensson & Hultgren (2008) mentionnaient une perte de lait à 305 jours de l’ordre de 344 kg. Un chiffre bien semblable a été remis en lumière en 2021 par Abuelo en ayant une perte de 325 kg de lait pour la première lactation (production 305 jours). De plus, ces animaux auront besoin de plus de saillies avant d’être déclarés gestante et auront une réduction du gain de poids moyen quotidien de 50g/jour. Renaud (2021) est aussi arrivé à une conclusion similaire avec 15 kg de poids en moins au sevrage pour les génisses ayant eu un épisode de diarrhée. Encore une fois, plus l’épisode est long, plus les impacts sont grands.
L’impact de l’environnement
Outre les bons soins de début de vie, il est important de s’attarder aux paramètres environnementaux. Une température froide qui causerait des grelottements au veau nuit à son absorption des immunoglobulines. Au point de vue environnementale, la ventilation hivernale doit assurer 4 changements d’air par heure afin d’avoir un renouvellement d’air adéquat et une expulsion des microbes et impuretés. Il faut éviter les courants d’air au niveau des veaux, caractérisé par un vent froid de plus de 60pi/min (3 m/s) à 3-4 pieds au-dessus des veaux. (Source DairyLand Initiative).
On se le rappel: Tout se joue avant 2 ans!
Avec ces nouveaux résultats de recherches qui mettent en lumière les impacts sur les futures performances des génisses en fonction de leur niveau de santé en période pré-sevrage, il est primordial de prendre le temps d’évaluer les méthodes et pratiques appliquées dans vos entreprises afin d’optimiser le secteur de l’élevage et ainsi optimiser leur performance et leur durabilité au sein du troupeau.
N’hésitez pas à demander une évaluation des performances, des pratiques de votre entreprise et de l’environnement de votre élevage par nos conseillers en élevage. Vous pouvez également poser vos questions au Groupe Élevage de Lactanet par courriel au louves@lactanet.ca .