L’âge au premier vêlage : succès chez Wardway Farms

L’âge au premier vêlage (APV), qui désigne l’âge moyen au premier vêlage (en mois) pour le troupeau au cours d’une année cible, est la troisième composante de l’Indice de performance du troupeau (IPT) de Lactanet

Valant 100 points sur 1000, il est lié à la gestion des génisses, à la planification de la reproduction et au gain moyen quotidien (GMQ) des jeunes animaux du troupeau.

L’âge au premier vêlage est l’âge moyen (en mois) de toutes les taures du troupeau dont on connaît les dates de naissance et de vêlage et qui ont débuté leur première lactation dans les 12 mois précédents. 

Les données montrent qu’un APV plus bas permet non seulement de réduire les coûts d’élevage des génisses, mais aussi à l’animal d’atteindre plus tôt l’âge de rentabilité. Un APV optimal permet d’obtenir un bon équilibre entre un bon rendement financier, une production et des performances futures optimales. Il s’agit d’un sujet qui comporte de nombreuses nuances et qui a déjà été abordé en détail.

Wardway Farms, qui appartient à Chris Ward, Melissa Ward et sa famille, a un âge moyen au premier vêlage de 21,4 mois. Pour eux, cela représente le juste équilibre entre un âge de rentabilité optimal et une bonne performance mature. Le troupeau Holstein, situé à Woodstock, en Ontario, compte 85 vaches en lactation et obtient en moyenne 9270 kg de lait (MCR de 257) et 426 kg de matière grasse (MCR de 310) par lactation de ses vaches en première lactation. Cette performance exceptionnelle se poursuit à maturité : les animaux en 3e lactation et plus représentent 43 % du troupeau et affichent une moyenne de 588 kg de matière grasse (MCR de 324) par lactation.

Pour Wardway Farms, l’objectif n’est pas simplement d’atteindre l’APV le plus bas possible, mais plutôt d’encourager les meilleures performances possibles à tous les stades de la vie.

Grâce à un programme d’élevage intensif basé sur le revenu par animal, la Durée de vie et la matière grasse et protéines, la barre génétique est très haute dès le départ : la ferme utilise de la semence de taureaux de boucherie pour les 55 % moins bons du troupeau, et de la semence sexée pour les 45 % supérieurs. Pour mieux les classer, toutes les génisses sont génotypées dès la naissance. Chris précise :

« Chaque génisse devrait représenter le meilleur investissement possible, nées des meilleures vaches de notre troupeau, et la génomique nous aide à sélectionner ces groupes avec la précision. Nous analysons également les performances de la mère et de la grand-mère par rapport au troupeau pour mieux orienter la sélection. »

Dès leurs naissances, les veaux sont nourris le plus rapidement possible avec du colostrum d’excellente qualité. L’équipe analyse la qualité à l’aide d’un réfractomètre Brix, et tout ce qui est inférieur à 23 % Brix est enrichi ou remplacé par du colostrum en poudre. Ensuite, les 3 ou 4 repas suivants se font avec le lait de la mère avant de passer complètement au lait de remplacement. 

Les veaux sont logés individuellement pendant les premières semaines de leurs vies, puis sont placés en paires et en petits groupes en fonction d’âge. Cette recommandation, qui s’appuie sur des recherches[1], favorise les contacts sociaux, la motivation à se nourrir et la confiance. De plus, la ferme offre aux veaux des jouets d’enrichissement tels que des balles Jolly, et Chris mentionne qu’ils obtiennent de bons résultats dans cet environnement, les veaux suivent bien ce que Chris décrit comme un programme ambitieux en été, la ferme offrait le lait de replacement à 26/17 (P/F) donné trois fois par jour, et la moulée de départ 24% pour veaux en granulés à haute teneur en protéines mélangée avec de la paille, ainsi que de l’eau à volonté. En hiver, un lait de remplacement plus riche en matières grasses (24/20) est utilisé.

« Nous avions l’habitude de donner du lait deux fois par jour, ajoute Chris, mais nous sommes récemment passés à un horaire de trois boires pour maximiser l’apport tout au long de la journée. C’est un récent stress causé par le froid qui a motivé ce changement, mais il est probable que nous maintenions ce programme toute l’année. »

Leur programme pour les veaux sevrés et les génisses est tout aussi ambitieux. Les transitions nutritionnelles se font en douceur, ce qui permet aux veaux de bien manger à tous les stades, jusqu’à ce qu’ils consomment uniquement une RTM vers l’âge d’environ 8,5 mois.

Selon Chris, la réussite du programme repose sur l’équilibre :

« Nous n’avons pas de problèmes de surconditionnement– nous leur offrons une alimentation riche en énergie pendant qu’elles sont jeunes, mais également riches en protéines pour soutenir leur croissance au moment où elles en ont le plus besoin. » 

Elles grandissent si bien qu’à l’âge de 10 mois, la plupart des génisses ont atteint plus de 50 % de leur poids mature, et elles ont des chaleurs fortes et régulières. Bien qu’il soit important pour l’équipe d’avoir un APV bas, pour de multiples raisons, celles-ci comparent constamment les performances de lactation des génisses à ce que prévoit son programme d’élevage. Chris se souvient qu’auparavant, lorsque leur APV était d’environ 20 mois, les génisses n’étaient pas toutes en mesure de répondre aux exigences de lactation. Mais depuis, la ferme est passée à une fourchette de 21 à 22 mois et a constaté que cette dernière est plus optimale pour la production à long terme. 

Cela signifie que la première saillie arrive actuellement vers 11 ou 12 mois, mais le moment varie d’un animal à l’autre. Un équilibre entre la taille, le poids et l’âge détermine le moment de la saillie – la seule constante est de donner 3 chances à chaque génisse. Chris précise : « Je ne veux pas les saillir à plus de reprises – elles sont jeunes, en bonne santé et n’ont pas de stress lié à la lactation. Si une génisse n’est pas en gestation vers 14 ou 15 mois, elle doit malheureusement partir. »

Par conséquent, la troisième saillie est toujours faite avec de la semence de bœuf pour favoriser la fertilité, même pour les meilleures génisses. Même si cela signifie qu’une génisse ne peut pas transmettre son potentiel génétique pour le moment, la ferme préfère avoir un animal en lactation afin de recouvrer une partie de ses coûts d’élevage. 

Dans l’ensemble, leur approche globale s’est révélée très efficace, et leurs vaches sont performantes de la première lactation jusqu’à la maturité. À partir du vêlage, une RTM riche en énergie leur est offerte avec un complément de foin jusqu’à environ 50 jours en lactation, après quoi elles continuent à consommer seulement de la RTM. L’équipe a constaté qu’avec cette façon de faire, les cas d’acétonémie sont rares entre le vêlage et le pic de lactation. 

« Nos 2-ans ont une excellente production, ajoute Chris. Elles connaissent un excellent départ en tant que jeunes vaches, et dès la deuxième lactation, elles prennent leur envol et maintiennent un excellent rendement. » 

Un environnement bien géré, combiné à un programme d’alimentation rigoureux, à une sélection génétique méticuleuse et à une attention particulière à la performance, donne aux animaux de Wardway Farms un avantage qui permet au troupeau de maintenir un APV bas, tout en conservant une santé, une production et un profit florissants. Chris conclut :

 « Nous visons la perfection, mais comme elle n’existe pas, ce qui s’en rapproche le plus, c’est de continuer à nous améliorer chaque fois que nous le pouvons. Nous mettons beaucoup d’accent sur nos veaux, puis sur notre programme de vaches taries et de vaches fraîches. Si ces 3 étapes se déroulent bien, tout le reste suit. »

Pour vérifier les valeurs de référence de Lactanet pour l’âge au premier vêlage et d’autres facteurs par région ou système de traite en vue d’améliorer votre IPT, consultez nos fichiers sur les valeurs de référence ici.

Pour en savoir plus sur l’indice de performance du troupeau de Lactanet et voir les troupeaux les plus performants par région, cliquez ici.

Pour plus d’information sur Wardway Farms, lisez le profil de la ferme dans le rapport régional bilingue de 2021 de l’Ontario.

Références

[1] Effects of group housing of dairy calves on behavior, cognition, performance, and health. Journal of Dairy Science vol. 99 no 4, 2453-2467, 2016.

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Par JJ (Juno) Hartley
Conseiller en transfert du savoir