La boiterie à l’étude

Des chercheurs de l’Université de Calgary, en Alberta, ont mené un sondage sur la boiterie auprès de producteurs de lait. Comment ces derniers évaluent-ils leur capacité à contrôler la boiterie dans leur troupeau? Où s’informent-ils sur le sujet? Et quelles sont, selon eux, les causes de la boiterie? Voici les résultats de cette étude.

Ce sondage a été réalisé dans le cadre du programme Lameness Reduction Initiative (LRI) [Initiative de réduction de la boiterie]. La LRI est un programme permanent doté de plusieurs volets. L’un des premiers consistait à organiser des ateliers à la ferme pour présenter le processus d’évaluation des risques qui est à la base du volet bien-être animal de proAction. Le sondage a été réalisé auprès de 69 producteurs avant le début des ateliers pour évaluer leurs connaissances et leur compréhension sur le sujet de la boiterie chez les bovins laitiers.

Autoévaluation de la capacité à contrôler la boiterie

La première partie du sondage portait sur les années d’expérience du producteur dans le domaine agricole et l’évaluation de sa propre capacité à contrôler la boiterie au sein du troupeau. Environ 80 % des participants étaient des propriétaires et des gestionnaires de fermes, tandis que les autres étaient des employés de fermes. Bien que la plupart des participants avaient au moins 10 ans d’expérience dans une ferme laitière, seulement 20 % des répondants se sentaient « très confiants » de pouvoir contrôler la boiterie au sein de leur troupeau (voir la figure 1). D’ailleurs, il est intéressant de noter que la motivation des participants à l’atelier était « d’apprendre et de trouver des stratégies pour atténuer la boiterie ».

Source d'information les plus utiles

On a demandé aux participants de classer les sources d’information les plus utiles pour identifier les meilleures stratégies de contrôle de la boiterie au sein de leur troupeau (voir la figure 2). Les pareurs d’onglons ont été classés au premier rang, suivis par les vétérinaires et les collègues producteurs. Fait intéressant, certains producteurs n’ont classé les vétérinaires qu’en quatrième ou cinquième position.

Causes et facteurs de risque de la boiterie

Dans la deuxième partie du sondage, les participants ont été invités à répondre à des questions de type « vrai ou faux » pour tester leurs connaissances sur la prévention de la boiterie. La plupart ont répondu au tiers des questions et ont laissé le reste des champs vides, probablement par manque de temps ou en raison d’incertitudes par rapport aux questions posées.

Parmi les questions auxquelles les producteurs ont répondu, environ 80 % l’ont été correctement. Ces questions portaient sur les facteurs de risque courants associés à la boiterie. Plus de 85 % des répondants ont identifié correctement la dermatite digitale (DD) comme étant la lésion la plus courante chez les bovins laitiers de l’Alberta et l’hygiène comme facteur important de l’apparition de ces lésions aux onglons. Les producteurs ont également souligné l’importance d’évaluer la démarche des bovins pour identifier ceux atteints de boiterie. L’importance du maintien d’un bon état de chair et des facteurs de risque à la ferme, comme des surfaces dures, ont été correctement identifiés par la plupart des répondants.

Certaines idées fausses sur les causes et les facteurs de risque de la boiterie ont également fait surface, notamment la capacité d’identifier tous les bovins atteints de DD en se basant sur les signes de douleur. De plus, le rôle du parage des onglons a été surestimé comme moyen de prévenir la DD chez les vaches fraîchement vêlées. De nombreux producteurs ne croyaient pas que la présence de lésions dues à la DD pouvait augmenter le risque de boiterie chez les bovins. Ce qui ressort : la boiterie est un problème de santé complexe et tout le monde ne possède pas les connaissances et la compréhension nécessaires pour bien orienter les mesures de prévention et de contrôle.

La clé pour contrôler la boiterie : l'éducation et une communication efficace

La LRI s’est basée sur l’information issue de ce sondage afin d’établir les priorités pour les prochaines étapes et d’orienter les stratégies de communication. Bien que l’industrie, comme l’indique le Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers, fixe une cible de < 10 % de notes de boiterie de 3 ou plus, en moyenne, nous en sommes toujours à une note de boiterie de 20 %. À l’avenir, l’éducation et une communication efficace entre producteurs laitiers, vétérinaires et pareurs d’onglons seront importantes pour prévenir et contrôler la boiterie, car certaines idées fausses demeurent chez les producteurs relativement à la détection de la boiterie au sein des troupeaux laitiers. D’ailleurs, nous encourageons les producteurs, en particulier les propriétaires et les gestionnaires de troupeaux, à approfondir leurs connaissances sur le sujet et à continuer de demander conseil à leurs vétérinaires et pareurs d’onglons. Les consultants et les experts dans ce domaine devraient essayer de cibler des moyens plus efficaces de transmettre les connaissances aux producteurs afin de contrôler efficacement la boiterie à la ferme. 

L’équipe responsable de la boiterie à Calgary poursuivra ses efforts pour combattre ce problème chez les bovins et contribuer à la LRI.

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Par MAKAELA DOUGLAS, B. Sc. Santé,
LAURA SOLANO, DMV, Ph. D., experte en
confort, bien-être et logement des vaches
laitières, Lactanet, et KARIN ORSEL,
DMV, Ph. D., professeure en épidémiologie
et maladies infectieuses chez les bovins