Le pouvoir des données et du numérique : en sommes-nous toujours conscients?
- 11 septembre 2020
- Revue Le producteur de lait québécois
Pour Barbara Paquet, « Les producteurs devraient poser davantage de questions avant de partager leurs données. »
De nouvelles données s’ajoutent constamment, avec un potentiel accru de valorisation, pour aider à mieux gérer les entreprises et améliorer les processus de production. Pensons aux données sur les acides gras produites tous les deux jours et rendues disponibles depuis quelques mois grâce à la collaboration des Producteurs de lait du Québec et de Lactanet. Un exemple probant qui montre que la combinaison de deux sources de données est gagnante pour le producteur.
Cependant, le transfert et la valorisation des données soulèvent des problèmes importants, comme la gouvernance et la propriété des données, leur sécurité et bien entendu, la gestion des consentements pour leur utilisation. La sensibilité de tous à ce sujet s’est largement accrue durant la dernière année, avec la mise en évidence de fraudes reliées à l’utilisation de données des réseaux sociaux, ou carrément le vol de données dans le secteur financier, notamment. Malgré ce contexte, il faut continuer à valoriser les données issues des fermes laitières pour la compétitivité et le développement collectif du secteur laitier et pour l’atteinte d’une meilleure rentabilité à la ferme. Le tout en s’attardant au cadre juridique et de gouvernance pour que cela se fasse au profit des producteurs et non pas à leur dépend.
Une collaboration fructueuse
L’excellente collaboration entre les membres du Comité a permis d’établir les flux de données dans le secteur laitier québécois et toute sa complexité.
Le CIRANO a aussi produit un rapport d’étude exhaustif soulignant le fait que l’utilisation du numérique et des données massives pourrait avoir des retombées importantes non seulement pour les producteurs laitiers eux-mêmes, mais également pour tous les acteurs de la filière laitière, la recherche et même pour les consommateurs. Il indique cependant que le développement et l’utilisation des nouvelles technologies numériques doivent être accompagnés et encadrés, voire réglementés. L’étude a aussi soulevé des problèmes plus terre à terre et qui ne sont pas moins importants, comme l’accès aux technologies, les mises à jour et la maintenance des logiciels.
Les producteurs sont-ils conscients de l'importance de leurs données?
Barbara Paquet, copropriétaire de la Ferme Roquet inc. et présidente du Comité stratégique sur le virage numérique, explique :
« De manière générale, je ne crois pas que les producteurs sont très conscients des quantités de données qu’ils produisent. On ne connait pas non plus le chemin qu’elles prennent et où elles vont. Et lorsqu’on les utilise, comme le temps est compté, on vire toujours autour des mêmes données. Il faut dire qu’il y en a beaucoup et de plus en plus.
Prenons le contrôle laitier, c’est grâce aux données fournies, leur mise en commun et leur valorisation que notre production atteint aujourd’hui des sommets. Le progrès s’est fait à travers le partage des données. Chaque donnée compilée pour la mammite, pour la santé des onglons, pour la production nous revient sous une forme qui nous aide tous les jours à devenir meilleurs. Mais ça doit rester simple.
C’est en siégeant au comité que j’ai vraiment pris conscience des impacts et de la contribution de nos données à la recherche, au développement d’outils et à l’amélioration de notre production. La qualité des données fournies est importante. Est-on toujours conscient du devenir de nos données et de ce qu’on en fait? Je ne crois pas. On achète, on signe en bas du formulaire… ensuite, on ne sait plus trop. Toutes les données ne se monnayent pas, mais parfois les producteurs devraient poser des questions et dire non. Les producteurs ont confiance dans leurs institutions, mais d’un autre côté, ils devraient être prudents pour que leurs données soient utilisées pour les bonnes choses. »