Un an après le démarrage (2e partie): pourquoi les résultats ont tant varié?

Nous avons vu dans la première partie de cet article qu’un an après le démarrage, la production laitière  avait beaucoup varié entre les groupes supérieur 20 % et inférieur 20 %. Voici ce que nous avons mesuré dans la base de données de Lactanet pour expliquer ces écarts.

La transition, un élément critique

En comparant le dernier contrôle avant le démarrage avec celui effectué un an après, nous avons pu observer un gain de 326 points à l’indice de transition et ce, pour la moyenne des troupeaux. De manière plus détaillée, on peut voir que les troupeaux qui ont eu une augmentation de l’indice de transition au cours de la première année (soit 74 % des fermes) ont bien performé avec une augmentation de production de 2,2 kg. 

Toutefois, les troupeaux qui ont vu leur indice de transition diminuer après le démarrage ont connu une première année difficile. Ces troupeaux ont subi une baisse importante tout de suite au démarrage et ont connu une période de récupération particulièrement lente.

Tableau 1. Influence de la variation de l’indice de transition sur les résultats après le démarrage.

Tendance de l’indice de transition la première année

Variation de l’indice de transition 1 an après le démarrage

Résultats moyens peu après le démarrage

Variation de la production 1 an après le démarrage

Moyenne des troupeaux

+ 326

 – 2,2 kg de lait

+ 0,6 kg de lait

Troupeaux en croissance

+ 541

– 1,2 kg de lait

+ 2,2 kg de lait

Troupeaux en décroissance

– 283

– 4,4 kg de lait

– 3,8 kg de lait

Période de transition en traite robotisée : une bonne planification s’impose!

Naturellement, en préparation et tout de suite après le démarrage, le focus est dirigé vers les vaches en lactation. Ce sont elles qui génèrent le revenu à tous les jours. On vérifie le logement, la circulation des animaux, les tables de production au robot, la composition de la RPM, etc. Cependant on constate souvent que la préparation est moins rigoureuse pour les vaches taries, les taures qui se préparent au vêlage, les vaches en préparation au vêlage et les vaches en début de lactation.

Quelques questions-clés à se poser…

Comment se font les déplacements entre chacun de ces groupes? Est-ce que tous ces groupes se retrouvent dans la même étable? Lors du déplacement entre les groupes, est-ce qu’on a prévu une surface de plancher antidérapante afin d’éviter les chutes? Pour ces groupes, il sera important d’éviter le surpeuplement et de prévoir un endroit confortable où vos vaches pourront se reposer, l’idéal étant une aire de repos sur accumulation.

Qu’en est-il de l’alimentation?

Est-ce que la ration pour chacun de ces groupes est aussi planifiée avant le démarrage? Comment sera distribuée la ration? En RTM ou est-ce que les fourrages et concentrés seront plutôt servis séparément? Pour les plus gros troupeaux, une station d’alimentation peut s’avérer être une option intéressante pour le groupe préparation au vêlage. En plus de distribuer les concentrés, elle permet aux vaches de s’habituer à recevoir des concentrés d’une machine avant le vêlage. C’est beaucoup plus facile après le vêlage quand on doit initier la vache au robot. Quand elle entre au robot, les concentrés s’écoulent dans la mangeoire, cela sécurise la vache. Pour la même raison, c’est aussi une étape importante pour les taures qui vont vêler. Elles sont moins nerveuses et vont visiter beaucoup plus souvent le robot. Plus les vaches augmentent rapidement le nombre de traites en début lactation, plus elles vont monter au pic rapidement et aller chercher des pics de lait plus élevés.

La période de transition est critique pour les succès de la production laitière et elle l’est encore plus en traite robotisée. Une bonne planification avant le démarrage et un suivi rigoureux du plan établi une fois le robot en fonction permettront d’atteindre les meilleurs résultats.

Une expansion trop rapide ?

La plupart des projets de conversion à la traite robotisée sont jumelés à une expansion du troupeau. Cependant, l’amplitude de cette croissance varie et nous avons voulu savoir si cela a influencé les résultats du succès du transfert en traite robotisée.

Tableau 2. Influence de l’expansion des troupeaux sur les résultats après le démarrage.

Caractéristiques des troupeaux

Nombre de vaches en lactation et proportion des troupeaux

Variation de la production 1 an après le démarrage

Avant le démarrage

94,9

 

Moyenne 1 an après le démarrage

110,2

+ 0,6 kg de lait

Expansion de < 20 %

30 troupeaux / 44

+ 1,3 kg de lait

Expansion de > 20 %

14 troupeaux / 44

– 0,6 kg de lait

L’expansion moyenne au cours de la première année a été de 15,3 vaches ou 16 %. Les troupeaux qui ont fait une expansion de plus de 20 % ont connu une baisse de 0,6 kg en lait corrigé versus la production moyenne avant le démarrage. Les fermes en expansion plus modeste (inférieure à 20 %), ont connu une augmentation de la production de 1,3 kg de lait corrigé. Donc une expansion trop rapide a été pénalisante. Le surplus de travail engendré par une expansion rapide combiné à l’apprentissage du logiciel de robot de traite ont possiblement diminué le temps consacré à la consultation des rapports du robot et la régie de troupeau.

Autres critères mesurés

Cellules somatiques

Peu de changements observés au niveau des CCS après le démarrage et une amélioration a été constatée après un an. Cependant en regardant les troupeaux de plus près, on note que huit d’entre eux (18 % des troupeaux) ont connu une hausse des CCS de plus de 100 000 alors que deux ont eu un résultat de plus de 500 000 CCS tout de suite après le démarrage. Cette période génère beaucoup de stress pour les vaches qui pour la plupart, doivent aussi apprendre à fonctionner en stabulation libre. C’est un passage obligé mais il est important de minimiser le stress au cours de cette période et manipuler les animaux avec douceur.

Taux de sortie des vaches

Il n’y a pas de variation pour cet indicateur qui se situait à 32,8 % avant le démarrage et qui est passé à 33,0 % un an plus tard.

Taux de sortie des vaches

On note un léger rajeunissement du troupeau avec un âge moyen de 44,3 mois avant le démarrage et de 42,9 mois un an plus tard.

Voilà ce qui complète le constat des démarrages en traite robotisée, présenté au dernier Colloque gestion. Pour la plupart des troupeaux, l’expérience s’est avérée positive.

Au final, une préparation méticuleuse du projet et le maintien du troupeau au meilleur de sa productivité et de son état de santé au moment du démarrage demeurent les éléments-clés du succès d’un démarrage robot.

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Par Gervais Bisson, agr.
Diplômé en agronomie de l’Université Laval, Gervais cumule un bagage de plus de 22 ans d’expertise en alimentation des bovins laitiers avant de se joindre à notre équipe. En tant qu’expert en production laitière - robots de traite, il contribue activement comme expert conseil et auteur à l’avancement de l’industrie de la production laitière.
Par Julie Baillargeon agr., M. Sc.