La gestion des bovins non ambulatoires : mettre toutes les chances de son côté

La découverte d’une vache à terre est une grande source de stress pour les producteurs dont le quotidien est déjà chargé. Cette situation provoque souvent un malaise et un sentiment d’impuissance pour le propriétaire et le personnel de la ferme. Des études montrent que même si les meilleurs soins sont donnés, ces animaux ont seulement de 35 à 40 % de chance de survie. L’euthanasie devient souvent le meilleur soin à donner. Mais avant d’en arriver à cette décision, vite! Passons à l’action!

Les grandes étapes

Pour mettre toutes les chances de son côté, il faut agir vite et bien. Après avoir évalué l’état général de l’animal, un appel avec son médecin vétérinaire traitant orientera les premières actions et fixera le moment de sa visite.

La seconde étape est d’évaluer l’équipe humaine en place aujourd’hui, et dans les prochains jours, car plusieurs bras seront nécessaires à la délicate manipulation de cet animal fragilisé. 

En troisième lieu, l’équipe doit déplacer l’animal vers un lieu sécuritaire où elle pourra alors tenter des manœuvres pour le remettre sur pieds, ou si cela s’avère impossible, sécuriser l’animal sur le lieu de l’incident. 

Finalement, une fois l’animal sécurisé, lui offrir eau et aliments à la hauteur du museau et s’assurer de le traire aux 12 heures si l’animal est en lactation. Quatre grandes étapes, mais dans les faits, l’opération est laborieuse.

Plus l’équipe de travailleurs sera organisée et bien équipée, plus les chances de réussite seront grandes.

Le bon équipement pour la bonne chose

Déplacer ou lever un animal implique des équipements différents. Pour déplacer un animal, plusieurs matériaux de type « maison » peuvent être utilisés tel qu’un contreplaqué ou une toile rigide. Chacun a ses avantages et désavantages. Le but ultime est de déplacer l’animal vers un lieu sécuritaire tout en n’aggravant pas davantage son état.

Pour lever un animal, comme celui-ci est lourd et immobile, les équipements sont souvent combinés avec la présence d’un tracteur. Il en existe plusieurs types et l’investissement peut être élevé, mais en valoir le coup.

En plus de ces équipements, licous, sangles, cordes et entraves viennent compléter la trousse de l’équipe responsable de la gestion de ces cas. Rassembler tout ce matériel dans un sac rigide ou une boite de rangement de plastique est une bonne idée pour agir rapidement.

Une fiche technique, un arbre de décision, et des vidéos

Malgré la disponibilité des équipements et la présence d’une équipe expérimentée, des décisions difficiles doivent parfois être prises et on hésite ou retarde pour toutes sortes de raison. Pour parfaire les connaissances et aider à mieux gérer ces cas difficiles, une fiche technique, un arbre de décision et des vidéos portant sur l’utilisation des équipements ont été produits à l’intention des producteurs.

La fiche technique présente le sujet et les grandes étapes à suivre incluant des conseils et des mises en garde. L’arbre de décision dicte les moments pour passer à l’action et renseigne le producteur sur les décisions qu’il doit prendre pour le bien-être de l’animal. L’euthanasie y est présentée comme la solution à appliquer lorsque les actions n’ont pas engendré le succès espéré. Ces deux outils sont complétés par des vidéos réalistes qui aident à bien s’organiser et à se partager les rôles entre les membres de l’équipe de la ferme.

Fruits d’une collaboration réussie

Initié par la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal et financé par le MAPAQ et les PLQ, ce projet a réuni les expertises, conseils et vécus de plusieurs médecins vétérinaires, intervenants et producteurs laitiers et de bovins de boucherie pour la création de ces outils. Conçus dans un langage simple et visuel, ils visent à mieux outiller les producteurs dans la gestion de ces animaux fragilisés. Ces documents viennent aussi soutenir le programme proAction en encourageant les producteurs à mettre en place des procédures normalisées pour la gestion des bovins non ambulatoires et l’amélioration du bien-être animal sur les fermes laitières et bovines. 

N’hésitez pas à les consulter, en parler avec votre médecin vétérinaire et à les afficher à la ferme pour la formation de vos travailleurs. Ils sont traduits en espagnol et en anglais.

Ce projet est financé en vertu de l’Accord Canada-Québec de mise en œuvre du Partenariat canadien pour l’agriculture. Ensemble, le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec ont investi 293 millions de dollars répartis sur une période de 5 ans, soit de 2018 à 2023.

Cet accord appuie des initiatives stratégiques qui aideront les secteurs à croître, à innover et à prospérer.

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Marianne Villettaz-Robichaud, agr., M.Sc., Ph.D., Professeure adjointe en bien-être des productions durables, Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal et

Anne-Marie Christen, M. Sc., coordonnatrice du projet, Lactanet