Collecte de données à la ferme sur le syndrome spastique bovin

Lactanet collecte des données à la ferme sur le syndrome spastique bovin, aussi appelé « raideur », dans le but de mieux comprendre cette maladie et de réduire son apparition dans les troupeaux.

Les vaches affectées par la raideur préoccupent les producteurs de lait. C’est pourquoi nous souhaitons collecter des données sur des animaux démontrant des symptômes de raideur dans un grand nombre de troupeaux. Nous voulons ainsi comprendre la prévalence du syndrome au Canada et commencer à élaborer de nouveaux outils et des stratégies visant à réduire la raideur dans la population laitière canadienne. 

Un bref historique

Le syndrome spastique bovin (BBS), communément appelé « raideur », est un trouble neuromusculaire chronique évolutif qui touche toutes les races de bovins. La raideur affecte habituellement des bovins plus âgés et est caractérisée par des contractions spastiques dans le muscle d’un ou des deux membres postérieurs, le dos et parfois tout le corps.

La raideur ne se manifeste pas de la même façon chez tous les animaux. La vaste gamme et la progression des symptômes font que la reconnaissance et le diagnostic de ce syndrome posent un défi . Il a d’abord été décrit au début des années 1900, et depuis, les chercheurs peinent à trouver la cause profonde de la maladie ou ses possibilités de guérison. Une théorie largement admise est que la raideur est un syndrome génétique, mais nous n’avons pas de données précises pour le prouver – pas encore!

Confusion avec la parésie spastique

La raideur n’est pas le seul syndrome qui nous intéresse ou qui cause une boiterie des membres supérieurs. La parésie spastique bovine (BSP) est un autre syndrome neuromusculaire qui affecte les bovins laitiers. La raideur et la parésie présentent de nombreuses similitudes, mais ce sont deux troubles distinctifs (voir tableau 1). 

Idéalement, il est important de bien différencier les deux syndromes à la ferme, et ainsi pouvoir consigner, suivre et gérer chacun d’eux avec précision. Comparativement à la raideur, la parésie est un trouble caractérisé par des spasmes permanents et un tendon d’Achille contracté qui affecte principalement les jeunes animaux. Le jarret devient droit et rigide, entraînant le membre à se balancer dans un mouvement de pendule et ressemblant à une jambe de bois. La parésie est un trouble continu, à la différence de la raideur, où l’animal éprouve des épisodes de crise.

Tableau 1. SIMILITUDES ET DIFFÉRENCES ENTRE LA PARÉSIE SPASTIQUE BOVINE ET LE SYNDROME SPASTIQUE BOVIN (RAIDEUR)

Différences  

 

Parésie spastique bovine 

(parésie) 

Syndrome spastique bovin 

(raideur) 

Âge au début 

Veaux 

Généralement : 3-9 mois 

Cas rares : jusqu’à 15 mois 

Animaux adultes 

Généralement: 2-7 ans 

Cas rares : dès 1 an 

Signes cliniques 

Ressemble à une « jambe de bois »  

Membres postérieurs qui ne peuvent toucher le sol et se balancent comme un pendule. Le jarret est droit et rigide et la queue est relevée 

Épisodes d’hyperextension des membres postérieurs accompagnés du soulèvement de la tête et « d’étirements »  

Parmi les premiers signes, l’animal secoue ou s’appuie sur la barre de cou lorsqu’il se lève 

Cas légers ont habituellement des périodes exemptes de symptômes et s’aggravent au fil du temps  

Parties du corps affectées 

Affecte surtout un membre postérieur. Dans de rares cas, les deux membres postérieurs peuvent être affectés, mais un côté est touché plus gravement 

Affecte surtout les deux membres postérieurs, mais dans certains cas peut en affecter seulement un 

Traitement 

Traitement chirurgical  possible 

Intervention possible, mais seulement pour réduire les symptômes 

Similitudes 

Signes cliniques et parties du corps affectées  

Symptômes dans un membre postérieur ou les deux, l’angle de l’articulation de la cheville est souvent accru, les symptômes apparaissent seulement lorsque l’animal se lève, est debout et en mouvement, aucune guérison des signes cliniques 

 

Suivi et consignation actuels de la raideur

Au Canada, depuis maintenant des décennies, le système de classification de la conformation consigne la raideur comme étant un des nombreux caractères déficients. Ce système de consignation permet au classificateur d’identifier les animaux dont la raideur est « faible » (1 coche) ou « grave » (2 coches) et de suivre les tendances relatives dans la fréquence de la raideur à l’intérieur de chaque race de bovins laitiers. Le programme de classification se concentre sur l’évaluation de la conformation des vaches pendant leur première lactation. Cela arrive habituellement avant l’apparition des symptômes – signifiant que notre prévalence actuelle de la raideur est probablement grandement sous-estimée. Néanmoins, la collecte de ces données sur la raideur pendant de nombreuses années a démontré que les filles de certains taureaux affichent une prévalence plus élevée par rapport à d’autres taureaux.

Une vraie collecte de données à la ferme

La sélection génomique offre une nouvelle possibilité au secteur laitier. La première étape dans l’élaboration d’un outil génétique est de mettre en oeuvre une stratégie nationale de collecte de données visant à identifier les animaux affectés par la raideur dans les troupeaux laitiers partout au Canada. L’utilisation de cette approche exige que les producteurs évaluent subjectivement la raideur chez leurs propres animaux, sans l’aide d’un spécialiste, comme un vétérinaire.

Pour nous aider à atteindre un niveau élevé de précision dans les évaluations par les producteurs de la raideur, par rapport à la parésie, nous avons concentré notre collecte de données sur des éléments d’information clé. Cela consiste à identifier le niveau de gravité de la raideur ainsi que l’âge estimé lors des premiers signes. Comme nous devons être en mesure de relier chaque animal à ses antécédents génétiques, il est important que nous ayons le numéro d’enregistrement de l’animal. Une fois que toutes les vaches affectées par la raideur dans votre étable sont identifiées, vous pouvez remplir le formulaire fourni par votre conseiller Lactanet et le lui retourner à votre convenance.

Franchir les premières étapes

Merci à tous les producteurs laitiers pour leur participation et leur intérêt soutenu envers le suivi et la gestion de la raideur au sein de l’industrie laitière canadienne. La consignation de ces données précieuses est la première étape vers la réduction de la prévalence de la raideur chez les bovins laitiers au Canada. Ce projet est rendu possible grâce à votre soutien et à votre engagement.

Comment savoir si votre vache souffre de raideur?

Il est essentiel que le syndrome soit diagnostiqué pendant que les animaux sont en mouvement, debout ou assis, les symptômes ne se manifestant pas lorsqu’ils sont immobiles. Les signes de la raideur apparaissent habituellement chez les animaux âgés de 2 à 7 ans. Dans des cas rares et inusités, les symptômes peuvent apparaître dès l’âge d’un an. Selon les premiers signes, l’animal commence à secouer la barre de cou ou à s’y appuyer quand il se lève. De légères crises ne durent que 15 à 30 secondes et affectent uniquement les membres postérieurs, entraînant une extension des pattes. La raideur est une condition à progression lente et de légères crises peuvent se produire pendant plusieurs années avant de devenir graves. Dans plusieurs cas, les signes cliniques sont négligés pendant de nombreuses années.

À mesure que le syndrome progresse, les crises se font plus longues et graves. Les périodes de crises graves peuvent durer d’une à trois semaines et sont habituellement suivies d’une période de légers symptômes qui durent jusqu’à six mois. Pendant les crises graves, tous les muscles semblent affectés par des spasmes qui durent une heure ou plus longtemps. La production des animaux diminue et ils perdent du poids, puisqu’ils ne peuvent pas manger – ce qui affecte le bien-être animal et la rentabilité de l’entreprise. Il n’existe pas de traitement pharmacologique particulier ou de guérison permanente de la raideur. En conséquence, les animaux ne peuvent être traités que de façon symptomatique, ce qui a des conséquences négatives sur leur productivité à vie.

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Par Caeli Richardson