L’entrainement des taures au robot avant le vêlage – Partie 1

Chaque taure qui vêle dans une ferme en traite robotisée devra apprendre à fonctionner avec ce nouvel équipement. Et comme dans beaucoup de situations, ce n’est pas inné pour toutes les taures et il y a beaucoup de différences entre les individus. Peut-on accélérer le processus d’apprentissage par des entrainements avant le vêlage ?

Les taures vont-elles au robot autant que les vaches?

Dans une étude publiée en 2019 par des chercheurs de l’Université du Minnesota (J. M. Siewert, J. A. Salfer et M. I. Endres), on a voulu savoir si les taures qui entrent dans le troupeau ont un retard d’apprentissage important comparativement aux vaches de deuxième lactation et plus.

Le graphique 1 présente les résultats compilés chez 31 fermes en traite robotisée avec trafic libre depuis au moins deux ans. L’extraction des données couvre en moyenne une période de dix-huit mois pour chacune des fermes.

Graphique 1. Variation du nombre de traites selon les jours en lait pour les vaches primipares et multipares

On constate qu’au cours des quatre premières semaines, l’apprentissage est difficile pour les vaches en première lactation qui accusent un retard de plus de 0.5 traites versus les multipares. Par la suite, l’écart se résorbe graduellement. En fait, les primipares rattrapent les multipares seulement vers la fin de la lactation.

Sous-performance pour les taures

Les chercheurs ont aussi regardé la production des primipares et multipares. Même si la courbe de lait semble normale dans les deux cas, ils mentionnent que comparativement à l’objectif moyen du pic de lait des primipares versus les vaches adultes, les primipares en traite robotisée de cette expérience ont moins bien performé que l’objectif. Cela tend à démontrer que le retard sur l’augmentation du nombre de traites en début lactation occasionne des pertes en lait.

Et si on entraine les taures avant le vêlage?

Dans une autre étude menée par d’autre chercheurs de la même université (M. Peiter et coll., 2018, Université du Minnesota) on a fait un test à la ferme pour mesurer l’impact de l’entrainement des taures au robot avant le vêlage. Les chercheurs ont choisi une ferme avec huit robots de traites. Ils ont comparé le nombre de traites par jour des taures non-entrainées au cours de l’année 2016, avec celles de taures entrainées au robot de traite avant le vêlage pendant sept mois en 2017.

Les taures étaient entrainées pendant les deux semaines qui précèdent le vêlage deux fois par jour. Elles recevaient au robot 1 kg de moulée à chaque passage. Le bras de traite demeurait immobile. Le graphique 2 illustre les différences entre des taures entrainées et non entrainées :

Graphique 2. Variation du nombre de traites selon les jours en lait pour les taures non entrainées et entrainées

Une traite de plus et plus de lait

La différence est majeure, les taures entrainées distancent rapidement celles de l’année précédente. L’écart se rend jusqu’à plus d’une traite pour la période de vingt-deux à soixante jours en lait. L’accroissement rapide du nombre de traites est très bénéfique et cela influence sûrement aussi à la hausse la production de lait et cela favorise de meilleurs pics en lait.

En somme, l’entrainement des taures au robot avant le vêlage représente sûrement un bon investissement de temps et cela devrait contribuer à la profitabilité de votre investissement dans les robots de traite. 

Dans mon prochain article, j’aborderai plus spécifiquement l’effet de l’entraînement sur la production de lait et quelques conseils pratiques en lien avec l’entraînement. 

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Par Gervais Bisson, agr.
Diplômé en agronomie de l’Université Laval, Gervais cumule un bagage de plus de 22 ans d’expertise en alimentation des bovins laitiers avant de se joindre à notre équipe. En tant qu’expert en production laitière - robots de traite, il contribue activement comme expert conseil et auteur à l’avancement de l’industrie de la production laitière.