Tendances de l’insémination: la montée de la semence sexée et de taureaux de boucherie

L’industrie laitière canadienne a observé un changement dans les décisions de gestion au fil des ans, à mesure que de nouvelles technologies et avancées apparaissent. Deux décisions de gestion de troupeau qui ont fait l’objet d’un changement important ces derniers temps concernent l’utilisation accrue de semence sexée et de taureaux de boucherie. Quel est l’état de ces tendances de la semence au Canada?

Tendances de la semence sexée

La semence sexée est disponible depuis 2005 et malgré le faible taux d’adoption au départ, elle est maintenant de plus en plus utilisée dans toute l’industrie laitière pour la prise de décisions en matière de gestion de troupeau. 

La Figure 1 indique la tendance de l’utilisation estimée de semence sexée dans les races Holstein, Jersey et Ayrshire. Dans ces trois races, une hausse constante de l’usage de semence sexée a été observée au cours des cinq dernières années. 

Entre 2016 et 2021, c’est dans la race Jersey où l’utilisation de semence sexée a augmenté le plus, soit de 8 % à 28 %. Chez les Holstein, une augmentation légèrement plus faible de 4 % à 13 % a été notée entre 2016 et 2021 alors qu’une hausse similaire a été observée dans la race Ayrshire, où l’usage de semence sexée s’élève maintenant à 9 %.

Figure 1. Utilisation estimée de semence sexée par race

Tendances de la semence de taureaux de boucherie

Une autre tendance perceptible dans l’industrie laitière est l’utilisation accrue de semence de taureaux de boucherie pour inséminer des animaux laitiers, appelée « boucherie sur laitier ». Alors que plus de 1,7 million de nouveaux relevés d’insémination sont ajoutés à la base de données de Lactanet chaque année, nous pouvons recueillir de l’information sur la race du taureau utilisé pour visualiser cette tendance. 

La Figure 2 indique une tendance à la hausse de l’utilisation de taureaux de boucherie pour l’insémination de femelles Holstein, Jersey et Ayrshire.

Figure 2. Tendance de l’usage d’inséminations boucherie sur laitier

Les inséminations Holstein sur Holstein ont diminué de façon constante, passant d’environ 95 % entre 2005 et 2011 à juste en dessous de 90 % en 2017. Depuis lors, nous avons observé un déclin plus rapide entre 2017 et 2021, avec une baisse de 90 % à 76 %. Alors que l’usage de taureaux d’autres races laitières demeure uniformément faible à moins de 1 %, la diminution de l’utilisation de semence de taureaux Holstein correspond à une augmentation équivalente de l’utilisation de semence de taureaux de boucherie. Comme tel, entre 2005 et 2011, l’usage de semence de taureaux de boucherie est demeuré faible à environ 4 %, pour augmenter à 9 % en 2017. Depuis 2017, la hausse des inséminations « boucherie sur laitier » chez les Holstein a augmenté à près de 23 % en 2021.

Une tendance similaire est observée dans les races Jersey et Ayrshire. Les inséminations Jersey sur Jersey se sont maintenues au-dessus de 90 % jusqu’en 2013 et elles ont diminué lentement à 77 % jusqu’en 2021. Cela correspond à une augmentation de l’utilisation de semence de taureaux de boucherie qui est passée de moins de 5 % à 20 % entre 2013 et 2021. Chez les Ayrshire, l’usage de semence de taureaux Ayrshire est demeuré aux environs de 90 % alors que la semence de taureaux de boucherie était utilisée à moins de 6 % jusqu’en 2021. Maintenant, l’utilisation de « boucherie sur laitier » chez les Ayrshire se chiffre à 35 %.

Avantages d’utiliser de la semence sexée ou de taureaux de boucherie

Alors, pourquoi de plus en plus de producteurs laitiers utilisent-ils de la semence sexée et de la semence de taureaux de boucherie? Toutes les principales entreprises d’I.A. en Amérique du Nord vendent de la semence sexée puisque plusieurs de leurs jeunes taureaux éprouvés et génomiques permettent de la rendre largement disponible. En faisant passer le ratio du sexe des veaux de 50:50 avec la semence conventionnelle à près de 95 % de femelles avec la semence sexée, cette dernière représente un avantage évident pour les producteurs de bovins laitiers. Non seulement la semence sexée facilite l’aptitude au vêlage, mais elle garantit aussi le nombre requis de génisses de remplacement nées dans le troupeau, réduisant ainsi le nombre d’animaux achetés et le risque d’apparition de maladies infectieuses dans le troupeau. 

Lorsque les producteurs laitiers l’utilisent conjointement avec le testage génomique, ils peuvent identifier leurs vaches et leurs génisses génétiquement supérieures à être inséminées avec de la semence sexée. Cela aide à accélérer les gains génétiques en assurant la meilleure génétique chez les génisses de remplacement. De plus, grâce à la semence sexée et aux avancées dans les pratiques d’élevage des génisses, de nombreux troupeaux peuvent produire plus de génisses de remplacement que nécessaire. 

Lorsqu’il n’y a aucun besoin ni intérêt à produire une génisse de remplacement issue d’une mère donnée, une stratégie d’élevage alternative peut être utilisée. Avec des prix de vente élevés dans plusieurs marchés pour de jeunes veaux issus d’inséminations boucherie sur laitier, l’utilisation de semence de taureaux de boucherie permet de maximiser les profits. Il est donc clair que les producteurs laitiers doivent commencer à envisager de produire deux gammes de produits, à la fois de lait et de viande, compte tenu de l’importante contribution que l’industrie laitière apporte maintenant au secteur de la croissance et de la finition du bétail.

En offrant l’occasion de développer votre troupeau, de réaliser des profits en vendant des veaux ou des génisses excédentaires et d’augmenter le gain génétique de votre troupeau, on comprend bien pourquoi l’industrie laitière observe une hausse de l’utilisation combinée de semence sexée et de semence de taureaux de boucherie.

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Par Hannah Sweett, Ph. D.
Hannah a découvert sa passion pour l'agriculture pendant ses études de premier cycle à l'Université de Guelph et grâce à son expérience professionnelle dans l'industrie laitière. Elle est titulaire d'un B.Sc. en biologie moléculaire et génétique ainsi qu’un doctorat en génétique animale axé sur l'amélioration génétique de la fertilité des bovins laitiers.
Par Brian Van Doormaal