Un an après le démarrage : la production a-t-elle augmenté ou diminué?

Dans le cadre d’une présentation au Colloque gestion 2019 du CRAAQ, nous avons passé en revue les données des fermes récemment démarrées en traite robotisée. Les informations de la base de données Lactanet nous ont permis d’évaluer les effets du passage aux robots de traite sur les performances de production de 44 troupeaux.

Pour calculer la variation de la production due au changement de système, nous avons utilisé la production au premier contrôle laitier après le démarrage et un an plus tard. Nous avons ensuite comparé la variation moyenne pour chacun de ces trois groupes:

  1. Groupe supérieur 20% : fermes avec les meilleures augmentations de production
  2. Moyenne de toutes les fermes : Moyenne globale des fermes
  3. Groupe inférieur 20% : fermes avec les plus faibles augmentations ou diminutions de production
Tableau 1. Variation de la production de lait au premier test après le démarrage et un an après le démarrage.
GroupesPeu après le démarrageRésultats moyen 1 an après le démarrage
Groupe 1:
Supérieur 20%

-0.7 kg

+ 5.8 kg de lait

Groupe 2:
Moyenne

-2.2 kg

+ 0.6 kg de lait

Groupe 3:
Inférieur 20%

-5.4 kg

-5.0 kg de lait

Diminution pour toutes les fermes peu après le démarrage

Selon les résultats présentés dans le Tableau 1, toutes les fermes ont connu une baisse de production tout de suite après le démarrage, mais significativement moins importante pour les troupeaux du groupe 1 que celle du groupe 3. En moyenne, la diminution est de 2.2 kg.

Un an après le démarrage, l’écart s’agrandit

Après une année d’opération en traite robotisée, les fermes du groupe 1 bénéficient d’une augmentation moyenne de la production de 5.8 kg de lait. Celles du groupe 3 subissent toujours une baisse moyenne de 5.0 kg par rapport à leur production d’avant. L’écart de variation entre ces deux groupes est énorme.

Quel est l’impact sur le revenu laitier ?

Afin d’illustrer la variation du revenu parmi les différents groupes, nous avons utilisé le prix moyen du lait au moment de l’étude (74.61 $/hectolitre en octobre 2019) et le scénario de la ferme moyenne avec robots de traite de notre base de données, soit 90,5 vaches en lactation. Nous avons assumé que le creux de production suivant le démarrage durait 2 mois et que par la suite, on avait une progression linéaire vers la valeur obtenue à 1 an après le démarrage.

Graphique 1. Modélisation de la variation de la production et du revenu laitier au cours de la première année suivant le démarrage du robot de traite.

Sur le graphique 1, la courbe moyenne de tous les troupeaux (en bleu) démontre une détérioration générale du revenu laitier au cours de la première année après le démarrage. En effet, le délai de récupération jusqu’à une production supérieure à celle d’avant le démarrage aura été trop long. En moyenne, les entreprises dans l’étude n’ont donc pas amélioré leur revenu laitier au cours de la première année.

À l’instar de toutes les autres, les entreprises du groupe 20% supérieur ont bien sûr connu une diminution de la production, mais de moindre importance et surtout, la récupération a été rapide. Pour le troupeau modèle de ce groupe, cela signifie une amélioration du revenu laitier de plus de 50,000 $ au cours de la première année.

Pour le groupe 20 % inférieur, la première année aura été plus difficile. Non seulement la perte de production au démarrage a été beaucoup plus importante que la moyenne, mais la situation n’a pas beaucoup évolué après 1 an. La perte de revenu laitier au cours de la première année pour ce groupe est donc majeure.

Comment expliquer l’écart entre les groupes?

Ces scénarios représentent-ils la réalité de toutes les fermes démarrées en traite robotisée? Pas forcément, mais ces modèles permettent d’illustrer l’importance de la variation de la production et du revenu laitier entre les fermes, après une année en traite robotisée. Les tendances moyennes observées sont probablement assez représentatives de la réalité. Avec un écart de près de 180 000$ de revenu laitier entre les groupes du 20% supérieur et inférieur, il y a matière à réflexion.

Bien sûr, chacune de ces fermes a sa propre histoire, ses succès, ses malchances et ses imprévus. Tout de même, certains facteurs communs offrent des pistes d’explication aux écarts observés. Lesquels? 

Voici la suite: Un an après le démarrage (2e partie): pourquoi les résultats ont tant varié?

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Par Gervais Bisson, agr.
Diplômé en agronomie de l’Université Laval, Gervais cumule un bagage de plus de 22 ans d’expertise en alimentation des bovins laitiers avant de se joindre à notre équipe. En tant qu’expert en production laitière - robots de traite, il contribue activement comme expert conseil et auteur à l’avancement de l’industrie de la production laitière.
Par Julie Baillargeon agr., M. Sc.