Comment accroître sa rentabilité en misant sur le confort des vaches?

Le confort des vaches est au premier plan des préoccupations des producteurs, des consommateurs et de l’industrie. Des études indiquent qu’il est rentable d’investir dans le confort des vaches bien que les coûts pour adapter ses pratiques de gestion et ses installations peuvent être considérables.

Nous savons que si nous incitons les vaches à manger davantage, le rendement du capital investi peut être considérable. En effet, des aspects comme l’espace aux mangeoires et la fréquence de distribution et de repoussage des aliments ont un impact majeur sur la productivité. 

Par ailleurs, il est également rentable d’investir dans des installations permettant de rafraîchir les vaches, car le stress dû à la chaleur chez les bovins entraîne une baisse de la production laitière. Nous savons aussi qu’un surpeuplement réduit la production laitière et le bien-être animal. Mais quels autres indicateurs du confort des vaches se traduisent par des avantages financiers?

Envisager la situation dans son ensemble

Lorsqu’on pense aux aspects économiques du confort des vaches, une combinaison de facteurs doit être considérée. À cet égard, une série d’études canadiennes menées en 2019 a montré l’impact du confort sur le portefeuille d’un producteur laitier. Nous savons qu’un faible niveau de confort est l’un des principaux facteurs de boiterie et de lésions aux onglons chez les vaches. Et il va sans dire que la boiterie entraîne des pertes économiques substantielles, lesquelles sont liées à une perte de production laitière, à une hausse du risque de mortalité, à la mise à la réforme, aux problèmes de reproduction, aux coûts de traitement, etc. Plus les cas de boiterie sont nombreux, plus ils sont graves et plus ils durent longtemps, plus les coûts sont élevés.

Quels indicateurs du confort des vaches se traduisent par des avantages financiers?

Dans l’étude de Villettaz Robichaud1, axée sur les troupeaux en stabulation libre, la production laitière moyenne par vache/an était d’environ 9 500 kg. Les chercheurs ont constaté qu’une augmentation de 1 % de la prévalence de la boiterie dans un troupeau était associée à une perte d’environ 12 kg de lait/vache/an. Si l’on applique cette donnée à la production laitière de l’ensemble d’un troupeau, cela signifie sommairement qu’un troupeau de 150 vaches laitières dont 30 % sont boiteuses produira 26 000 kg de lait en moins annuellement, comparativement à un troupeau dont seulement 15 % des vaches sont boiteuses. Le même troupeau présentant 30 % de boiterie aura un taux de réforme supérieur d’environ 10 % à celui du troupeau présentant 15 % de boiterie.

Parlons maintenant de blessures aux pattes. Lorsque les vaches se lèvent ou se couchent, elles mettent du poids sur leurs genoux. Les blessures aux genoux peuvent découler d’aires de couchage dures ou abrasives ou de sols glissants. Or il s’avère rentable de prévenir les blessures aux genoux.

Une augmentation de 1 % de la prévalence des blessures aux genoux dans un troupeau était associée à une perte de plus de 7 kg de lait/vache/an.

Pour reprendre l’exemple précédent, cela signifie sommairement qu’un troupeau de 150 vaches laitières dont 30 % ont des blessures aux genoux produira 16 600 kg de lait en moins annuellement, comparativement à un troupeau dont seulement 15 % des vaches ont des blessures aux genoux. En ce qui concerne les marges de profit, calculées en tenant compte exclusivement des coûts de remplacement, le même troupeau théorique aura une marge économique annuelle inférieure d’environ 11 500 $ en raison des coûts de remplacement, comparativement à un troupeau ayant une prévalence de 15 % de blessures aux genoux.

Principaux indicateurs du confort des vaches qui se traduisent par des avantages financiers :

  • Diminution de la prévalence de la boiterie
  • Diminution de la prévalence des blessures aux genoux
  • Optimisation du taux d’humidité, de la propreté et de la conception des aires de couchage

Les retombées économiques d'une surface de couchage confortables

Surfaces sèches

Les vaches n’aiment pas se coucher sur des surfaces mouillées. Si elles n’ont pas le choix, elles pourraient passer de 5 à 7 heures de moins par jour en position couchée si la surface est mouillée plutôt que sèche2.

En ce qui a trait aux avantages économiques liés au maintien de logettes sèches, voici ce qu’a révélé l’étude. Une augmentation de 1 % de la proportion e logettes avec litière sèche était associée à une augmentation d’environ 10 kg de lait/vache/an, ce qui signifie sommairement qu’un troupeau de 150 vaches laitières où 80 % des logettes sont à litière sèche produira environ 44 500 kg de lait en plus et 29 000 $ de plus par année qu’un troupeau où seulement 50 % des logettes sont pourvues de litière sèche.

Hygiène

Villettaz Robichaud et ses collaborateurs ont également constaté que la propreté des vaches a des effets sur la production de lait. Une augmentation de 1 % de la prévalence de vaches ayant les flancs sales dans un troupeau était associée à une perte de plus de 27 kg de lait/vache/an, ce qui signifie qu’un troupeau de 150 vaches laitières dont 30 % ont les flancs sales produira 80 800 kg de lait en moins en un an, comparativement à un troupeau dont seulement 10 % des vaches ont les flancs sales.

Conception

Une autre caractéristique essentielle de la surface de couchage est l’espace fourni. Le pourcentage de vaches auxquelles convient la longueur moyenne de la surface est un indicateur pour déterminer si les logettes sont assez grandes pour assurer leur confort. L’étude a révélé que les troupeaux qui disposent de logettes plus longues vivent plus longtemps.

Rentabilité + confort + productivité = excellent environnement de travail

Jusqu’ici, les données probantes suggèrent que vous en aurez plus pour votre argent si vous vous assurez de réduire le plus possible la boiterie et les blessures aux pattes, et si vous adoptez des pratiques de gestion visant à optimiser le taux d’humidité, la propreté et la conception des aires de couchage.

Pour conclure, en matière de confort des vaches, nous ne nous concentrons pas sur un seul aspect, mais sur une combinaison de facteurs susceptibles d’offrir le meilleur rendement financier et de favoriser un environnement de travail sain pour les animaux et les travailleurs. 

Références

1 Villettaz Robichaud M., Rushen J., de Passillé A. M., Vasseur E., Orsel K. et Pellerin D. (mai 2019). Associations between on-farm animal welfare indicators and productivity and profi tability on Canadian dairies: I. On freestall farms. Journal of Dairy Science, vol. 102, no 5, p. 4341-4351.

2 Schütz K. E., Cave V. M., Cox N. R., Huddart F. J. et Tucker C. B. (février 2019). Effects of 3 surface types on dairy cattle behavior, preference, and hygiene. Journal of Dairy Science, vol. 102, no 2, p. 1530-1541.

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Par Laura Solano, D.M.V., Ph. D.
Experte en production laitière – Confort et bien-être
Par Catherine Larivée Bazinet agr.