Y a-t-il des avantages à isoler les primipares dans un groupe en traite robotisée?

Quelle est la règle à suivre pour les primipares en traite robotisée? Est-ce que je les regroupe avec les vaches adultes ou bien je les isole dans un groupe particulier ? On sait que la consommation de matière sèche est plus faible chez les vaches en première lactation, que le pic de lait est plus tard durant la lactation et aussi que ce groupe compte plus de vaches dominées. Est-ce suffisant pour justifier de les loger dans un groupe différent ? C’est à cette question qu’ont voulu répondre le chercheur espagnol Alex Bach et son équipe, dans une étude publiée en 2006).

La même ration à un groupe de primipares isolées et un groupe incluant des multipares

Dans deux parcs symétriques, on a logé un groupe de primipares isolées et un groupe composé de 30 % de primipares et 70 % de multipares. Les primipares étaient distribuées selon les jours en lait et la production dans chacun des parcs. La même ration était distribuée dans les deux parcs et les vaches recevaient en moyenne trois kg de concentrés au robot. Durant cette expérience d’une durée de dix mois, on a utilisé 90 primipares et 52 multipares au total. Toutes les vaches avaient un accès (traffic) libre au robot de traite.

Plus de repas plus courts dans le groupe des primipares isolées

Selon les résultats présentés dans le tableau 1, même si les vaches du groupe de primipares isolées ont consommé un peu moins de la ration, on constate qu’elles ont eu tendance à prendre plus de repas, plus courts. Le taux d’ingestion variait peu en fonction des groupes. Les auteurs de l’étude suggèrent qu’un plus grand nombre de repas peut jouer sur la production des acides gras volatils – on pense à l’acétate entre autres- et cela aurait un lien avec le test de gras qui était plus élevé dans le groupe des primipares isolées.

Augmentation du nombre de traites dans le groupe des primipares isolées

On voit aussi une différence importante pour le nombre de traites dans le tableau 1 et dans le graphique 1. L’augmentation rapide du nombre de traites dans le groupe des primipares isolées est exactement le type de comportement souhaité, puisqu’il peut favoriser une meilleure production laitière. Un plus grand nombre de traites peut également signifier moins d’aliments en reste. Comme on le voit aussi dans le tableau, plus de traites est lié à moins de vaches poussées au robot, un gain en efficacité du travail.

Effet positif sur le gain de poids et la conversion alimentaire

L’impact sur la production laitière n’est pas évident à première vue, mais il y a un avantage, sur une base de kilo de gras, pour les primipares isolées. Cependant, comme on peut le voir sur le graphique 2, l’énergie semble avoir été utilisée un peu plus efficacement pour minimiser la perte de poids et permettre un regain plus rapide de poids corporel chez les primipares isolées. On peut présumer que les performances en reproduction ont été meilleures aussi, mais cela reste à vérifier. Comme la production laitière est semblable et que la consommation était plus basse dans le groupe des primipares isolées, la conversion alimentaire était aussi meilleure pour ce groupe.

Oui, il y a des avantages à isoler les primipares dans un groupe

Dans les fermes équipées de trois robots de traite ou plus, il semble y avoir suffisamment d’arguments favorables à regrouper ensemble les vaches en première lactation avec un robot de traite et de mettre les autres vaches en parc unique avec deux robots.

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Par Gervais Bisson, agr.
Diplômé en agronomie de l’Université Laval, Gervais cumule un bagage de plus de 22 ans d’expertise en alimentation des bovins laitiers avant de se joindre à notre équipe. En tant qu’expert en production laitière - robots de traite, il contribue activement comme expert conseil et auteur à l’avancement de l’industrie de la production laitière.