Guide de stratégies vers une alimentation sans dérivés d’huile de palme

Dans un souci d’écoute du consommateur et de maintien de la confiance du public à l’endroit des producteurs de lait et des produits laitiers, les Producteurs de lait du Québec (PLQ) ont demandé aux producteurs de cesser l’utilisation des dérivés de l’huile de palme dans l’alimentation des bovins laitiers et d’opter pour des solutions alternatives. Comme chaque ferme est unique, les contextes d’utilisation à la ferme sont divers et nécessiteront différentes stratégies toutes aussi variées. À chacun de trouver les alternatives qui sauront répondre aux besoins précis de leur entreprise.

Il existe sur le marché deux grandes catégories de produits contenant des dérivés d’huile de palme. Une liste précise des aliments qui font partie de ces deux catégories peut être obtenue par votre conseiller Lactanet ou encore par le conseiller en alimentation de votre meunerie.

  1. Les aliments riches en acide palmitique (C16 :0).
    • Ces aliments sont habituellement commercialisés dans le but d’améliorer le test de gras du troupeau.
    • Tel que stipulé dans la demande des PLQ, il est impératif de cesser l’utilisation de ces aliments et de se tourner vers des stratégies alternatives.

  2. Les aliments contenant un mélange de différents acides gras, souvent une combinaison d’acide palmitique et d’autres acides gras plus longs (C18).
    • Ces aliments servent à combler un déficit énergétique chez les vaches hautes productrices et apportent une source d’énergie inerte au rumen, qui bénéficie à la vache.
    • Dans la mesure du possible, des stratégies alternatives à ces produits doivent être mises en place pour assurer la santé et le bien-être des vaches

1- Aliments riches en acide palmitique, utilisés pour maximiser le taux de gras du lait

Procédure de retrait

En tout temps, un retrait graduel et progressif est recommandé. Selon les quantités utilisées et la proportion de vaches du troupeau recevant ce type de gras, il est possible d’établir une stratégie en collaboration avec votre conseiller pour minimiser les pertes de performances tout en débutant une transition adaptée à votre réalité:

  1. Réduire la proportion de vaches recevant l’aliment en question
    • Le retirer de la ration des vaches plus avancées en lactation, puis, graduellement diminuer l’apport aux vaches en début-milieu de lactation.
  2. Réduire graduellement la quantité de gras offerte par vache
  3. Suivre les performances du troupeau grâce à PROFILab et aux résultats de composition du lait:
  4. Identifier les stratégies alternatives adaptées à votre situation.

Stratégies alternatives pour monter le % de gras

Améliorer la génétique du troupeau

  • Utiliser le rapport d’inventaire génétique de votre troupeau pour identifier la capacité de vos vaches et de vos futures vaches à produire du lait riche en gras.
  • Ajuster les stratégies de sélection pour obtenir un potentiel génétique plus élevé pour le gras. 

Utiliser stratégiquement des additifs et suppléments

  • Considérer l’usage de produits visant l’optimisation de la fermentation ruminale et la synthèse de gras.
  • Valider avec votre conseiller Lactanet la pertinence et le potentiel des additifs proposés. 
  • Assurer un suivi de la marge sur coût d’alimentation.

Minimiser le stress de chaleur

  • Assurer une ventilation adéquate au niveau des vaches. 
  • Ajuster la ventilation rapidement au printemps pour contrôler la température et l’humidité intérieure.
  • Ajuster la ration (choix des fourrages, minéraux, vitamines, etc.).

Optimiser la fonction ruminale

  • Minimiser le tri de la ration.
  • Mieux répartir les repas de concentrés.
  • Assurer l’apport de fibre efficace.
  • Vérifier la fermentescibilité de l’amidon au rumen.
  • Optimiser la mouture des grains.
  • Utiliser des sources d’énergie peu acidogènes pour le rumen, comme le sucre et les fibres solubles.
  • Éviter les excès d’acides gras insaturés.
  • Suivre le profil d’acides gras du lait* et ajuster les stratégies au besoin.

Favoriser un comportement alimentaire adéquat

  • Offrir systématiquement une ration mélangée uniformément.
  • Assurer la disponibilité de la ration en tout temps.
  • Repousser ou servir la ration fréquemment.
  • S’assurer d’avoir suffisamment d’espace à la mangeoire et des logettes pour toutes les vaches.
  • Limiter la présence de pathogènes dans l’eau (ex. coliformes), dans l’ensilage (ex. entérocoques) et dans les aliments humides (ex. moisissures).

Maximiser la consommation des fourrages

  • Vérifier la digestibilité et longueur de hachage pour maximiser la consommation (fourrage NDF (kg/j): 0.8 – 1.0 % PV).
  • Optimiser les conditions de récolte et d’entreposage pour maximiser la valeur nutritive.

* Les acides gras de novo sont le reflet de la santé ruminale: chaque augmentation de 0,1 unité des acides gras de novo amène une augmentation de 0,2 unité du taux de gras. Visitez le page Web de PROFILab pour plus d’information et voir les stratégies à adopter si les de novos sont insatisfaisants.  

2- Aliments contenant un mélange de différents acides gras, utilisés pour maintenir le bilan énergétique des vaches

Procédure de retrait*

En tout temps, un retrait graduel et progressif est recommandé. Comme dans certaines situations ces aliments sont essentiels pour maintenir la santé et le bien-être des vaches, il est important d’établir une bonne stratégie de retrait en collaboration avec votre conseiller.

  1. Réduire la proportion de vaches recevant l’aliment en question
    • Le retirer de la ration des vaches ayant complété la première moitié de leur lactation.
  2. Réévaluer le besoin du produit pour les vaches en début/pic de lactation.
  3. Identifier les stratégies alternatives adaptées à la situation de votre ferme.
  4. Si aucune autre alternative n’est possible, maintenir le produit seulement chez les vaches pour lesquelles il est indispensable, et à la dose minimale.
  5. Suivre l’évolution des recommandations qui émaneront des PLQ et du comité d’experts des PLC.

* Durant tout le processus, assurer un bon suivi de la réaction des vaches : état de chair, acétonémie (CétoLab), taux de conception.

 

Stratégies alternatives pour maintenir le bilan énergétique

Maximiser l’énergie consommée par l’animal

  • Donner les fourrages de la plus haute qualité (digestibilité et conservation) et s’assurer d’une longueur de hachage optimale.
  • Optimiser l’environnement social (groupage) et physique (confort et bien-être).
  • Surveiller la régie de la mangeoire (repoussage, nettoyage, séquence, refus, etc.).

Faciliter la transition

  • Évaluer le succès de la transition grâce à l’Indice de transitionMD.
  • Assurer un état de chair de 3,0-3,25 du tarissement au vêlage. 
  • Minimiser le stress durant la transition en maximisant le confort et en limitant les changements de groupes.
  • Éviter les excès d’énergie en début de tarissement.
  • Garantir une bonne transition des niveaux d’amidon et de fibre entre la ration de préparation au vêlage et celle des vaches fraîches.

Utiliser des sources alternatives riches en énergie

  • Considérer des produits riches en glucides peu acidogènes (glycérol et sucres).
  • Ajouter des aliments riches en gras sans dérivés d’huile de palme: graine de lin, graine de coton, etc.
  • MISE EN GARDE : Éviter de servir une trop grande quantité d’acides gras polyinsaturés (AGIR) dans la ration.

Améliorer la génétique du troupeau

  • Sélectionner pour l’indice de résistance aux troubles métaboliques. 

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