Rendement vs qualité des fourrages : l’éternel dilemme !

On se rappellera une discussion entre les fameux frères Beauchamp du Défi des fourrages : « Bon, moi je veux plus de qualité pis toi tu veux plus de quantité. Ouin… on peut-tu avoir les deux? ». 

Chaque année, l’objectif de tout producteur de fourrages est de maximiser le rendement et la qualité, sans compromettre la durée de vie de ses prairies. Malheureusement, le rendement et la qualité de nos fourrages sont typiquement en relation inverse.

Avec le développement des plantes et l’augmentation de leur rendement, on observe une modification importante de la proportion entre les feuilles et les tiges : plus on avance en maturité, plus la proportion de tiges est importante, ce qui réduit la qualité. L’effet est généralement plus important chez les graminées, c’est pourquoi il est recommandé de faucher en premier les champs qui en contiennent une plus forte proportion.

Maximiser le rendement…

Certains producteurs opteront pour une gestion de coupe offrant un rendement élevé, une bonne persistance et une valeur nutritive adéquate. Avec cette gestion équilibrée, les fourrages sont typiquement récoltés près du stade début floraison (légumineuses) ou début épiaison (graminées). Un des avantages de ce type de gestion est que moins d’hectares sont nécessaires pour atteindre le stock de fourrages requis par la ferme. Cela permet entre autres de libérer plus d’hectares pour les cultures vendues. Une étude réalisée en 2017 par l’Université Laval en collaboration avec Agriculture et Agroalimentaire Canada a d’ailleurs démontré que ce type de gestion pourrait maximiser le bénéfice net des entreprises.

… ou la qualité?

D’autres producteurs préfèreront sacrifier un peu de rendement et de persistance pour maximiser la qualité. Ainsi, ils récolteront leurs fourrages près du stade début boutons (légumineuses) ou fin gonflement (graminées). Ce type de gestion de coupe est le préféré des nutritionnistes, puisque la qualité des fourrages a un gros effet sur la performance de vos animaux. En effet, les vaches consommeront d’avantages un fourrage de qualité, qui sera lui-même plus riche en nutriments digestibles. Cet apport accru en nutriments permettra ainsi à l’animal d’augmenter sa production laitière tout en ayant besoin de moins de concentrés. Cette approche est idéale pour maximiser votre marge alimentaire.

Quel est le meilleur choix pour votre ferme?

Il n’y a pas de solution parfaite. Chaque ferme est unique et possède ses propres besoins. Le type de gestion à prioriser pour vous dépendra notamment de la superficie de vos terres, de votre stock de fourrages, du coût de production de ceux-ci et bien sûr de vos objectifs ! 

Afin de vous aider à choisir le bon moment pour votre première coupe, consultez cet article de nos archives. Surveillez entre autres l’évolution des degrés-jour, et aussitôt qu’une valeur de 250 est atteinte dans votre région, allez marcher vos champs pour confirmer le stade de maturité des plantes et entrevoir le meilleur moment pour la récolte. 

N’hésitez pas non plus à en discuter avec un conseiller Lactanet*, il pourra vous aider à faire le bon choix pour votre ferme.

Et puis finalement, quel est votre choix? Rendement, qualité ou les deux?

* Notre équipe de conseillers dessert les fermes du Québec et des provinces de l’Atlantique.

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Par Jean-Philippe Laroche, agr., M. Sc.
La valorisation des fourrages par les ruminants est un sujet particulièrement passionnant pour Jean-Philippe, qui a grandi sur une ferme laitière. Diplômé en agronomie de l’Université Laval en 2018 et membre de l’Ordre des agronomes, il a également complété une maîtrise en sciences animales, durant laquelle il a reçu plusieurs distinctions.