Aide-mémoire pour limiter les effets négatifs du tarissement long

Pour aider les producteurs à relever le défi des limites de production dans le contexte de la pandémie de Covid-19, nous avons proposé des pistes de solutions. Le tarissement hâtif des vaches en fin de lactation est l’une des stratégies principales adoptées par plusieurs producteurs.

À l’approche du vêlage de ces vaches en vacances prolongées, certains s’inquiètent toutefois des effets négatifs qui pourraient en découler. Dans cette situation particulière, comment s’assurer d’offrir les meilleures conditions pour le vêlage et le succès de lactation? 

Nous avons rassemblé pour vous les éléments-clés à considérer à chaque étape :

1- Au tarissement

Sélection des vaches à tarir d’avance ou à réformer

  • Faire une planification laitière
  • Tarir ou réformer les vaches boiteuses, hautes en CCS ou porteuses de certaines maladies (ex: leucose)
  • Confirmer la gestation avant le tarissement
  • Viser un état de chair entre 2.75 et 3.25.

Recommandations pour le tarissement hâtif

  • Limiter les apports en protéine et en énergie
  • Donner du foin ou de l’ensilage d’herbe pauvre en protéine et enlever les concentrés
  • Fournir un minéral adéquat
  • Changer la vache de place
  • Maintenir l’accès à l’eau
  • Privilégier un tarissement abrupt lorsqu’elle produit 15 kg de lait/jour et moins
  • Envisager la traite intermittente si toutes les autres options n’ont pas fait baisser la vache à 15 kg/jour ou moins.  Limiter la traite intermittente à 2-3 jours
  • Considérer l’utilisation de scellant à trayons.  Il est fortement conseillé d’utiliser un scellant à trayon lors d’un tarissement prolongé
  • Parer les onglons

Suivi de la santé

  • Valider avec votre vétérinaire pour ajuster le protocole de vaccination s’il y a des vaccinations au tarissement
  • Vérifier le rapport suivi des vaches taries et fraîches. Si plusieurs vaches fraîches ont un CCS élevé, discuter de la gestion du tarissement avec votre vétérinaire car les infections observées pendant les 50 premiers jours de la lactation sont souvent acquises pendant le tarissement.

2- Durant le tarissement

Logement

 

Minimiser le stress, éviter la surpopulation, fournir un environnement propre, sec et bien ventilé

  • Assurer une ventilation adéquate pour minimiser le stress de chaleur
  • Limiter la surpopulation dans les parcs
    • Viser un minimum de 120 pi2/tête d’aire de couchage
    • Fournir un minimum de 30 po/tête d’espace mangeoire
    • Si la surpopulation est inévitable :
      • Si possible, augmenter l’espace mangeoire en ajoutant des mangeoires
      • Augmenter le nombre d’abreuvoirs ou de points d’eau
      • Ajouter de la litière plus souvent
      • Augmenter la fréquence d’alimentation et la fréquence de repoussage de la ration
      • Évaluer le nombre de sujets de remplacement nécessaires et réformer au besoin pour libérer de l’espace.
  • Désinfecter les lieux de vêlage et le parc des vaches malades
  • Idéalement, ne pas faire vêler les vaches dans le parc des vaches malades.
  • Prévoir un débit d’eau suffisant (15 l/min) en stabulation attachée ou un minimum de deux abreuvoirs en libre (3.5 po/tête d’abreuvoir). L’eau doit être propre en tout temps.
  • Fournir un confort adéquat aux vaches taries logées à l’extérieur :
    • Fournir de l’ombre (45 pi2/vache)
    • S’assurer d’avoir un espace mangeoire de 30 po/tête minimum.  Par exemple, une mangeoire à foin ronde de 8 pi de diamètre avec 18 sections permet à 15 vaches de manger en même temps.
    • Contrôler les mouches et les parasites
    • Fournir de l’eau fraîche et des abreuvoirs propre

Observations quotidiennes

Prévenir les problèmes de santé

  • Désigner une personne responsable qui évaluera :
    • Boiterie
    • Engorgement du pis
    • Comportement général (debout, couchée)
    • Remplissage du rumen, rumination
    • Texture du fumier 

État de chair

 

Production

  • Maintenir l’état de chair idéalement entre 2.75 et 3.25. Faire un suivi de l’état de chair une fois par mois.
  • Préparer les vaches 25 jours avant le vêlage et les taures 32 jours avant le vêlage.
    • La durée de gestation moyenne est de 280 jours (Valacta, 2020).  Valider la durée de gestation utilisée par votre logiciel.
  • Regrouper les déplacements des vaches une fois par semaine.
    • Déplacer les vaches au moins 21 jours avant la date prévue de vêlage ou alors, juste avant le début du travail.
    • S’assurer d’avoir des allées non glissantes lors des déplacements.
  • Évaluer l’intérêt d’utiliser des bolus de Rumensin avec votre vétérinaire.
  • Tondre et nettoyer le pis avant le vêlage.

Alimentation

 

Prévenir les problèmes métaboliques par une alimentation adéquate.

  • Limiter l’énergie consommée durant la première phase du tarissement (16-17 MCal/j)
    • Valider la consommation de fourrage
    • Analyser les fourrages servis aux taries
    • Ajout de fibre ou de paille à la ration pour diluer l’énergie
  • Combler les besoins en minéraux et en vitamines
    • Si les minéraux sont offerts sous forme de bloc à lécher, valider la consommation réelle du bloc et complémenter au besoin
  • Servir des aliments comparables entre la ration des taries et celle de la préparation vêlage
  • Évaluer l’utilisation de la choline
  • Faire le suivi du pH urinaire lors de l’utilisation d’anions dans la ration

3- Les vaches fraîches

Suivi des vaches fraiches

  • Désigner une personne responsable pour l’observation des vaches fraîches
    • Rumination
    • Remplissage du rumen
    • Production de lait
    • Température
    • Odeurs
    • Appétit
  • Faire des cultures de lait dans les 30 premiers JEL après vêlage pour analyse bactériologique.
  • Faire un suivi de l’acétonémie (Cétolab, Précision Extra, Kétotest)

Alimentation

  • Avoir une ration spécifique pour les vaches fraîches si possible
  • Donner accès à la ration 23 heures sur 24.
  • Éviter le tri de la ration.  Valider à l’aide du tamis Penn State.
  • Servir des aliments comparables entre la ration de préparation vêlage et la ration des vaches fraîches/début lactation
  • En alimentation conventionnelle, augmenter les concentrés d’environ 350 g par jour.
  • Transférer la vache du groupe des vaches fraîches au groupe 1 après environ 7 JEL, lorsque la consommation, la production et la santé sont satisfaisantes.

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Par Karen Bergeron, agr., M. Sc.
Diplômée en agronomie à l'Université Laval, Karen décide de poursuivre son parcours de formation et obtient sa maîtrise en sciences animales, spécialisée en nutrition. Innovatrice et soucieuse de la qualité de son travail, elle donne des formations et des conseils aux producteurs laitiers afin de leur permettre d’atteindre leurs objectifs.

Article écrit en collaboration avec des collègues conseillers statégiques et de l’équipe Innovation et Développement de Lactanet.