Optimiser la nutrition des caprins pour une entreprise durable

Maximiser l’ingestion, notamment l’ingestion de fourrages est le point central de l’alimentation du troupeau caprin. L’objectif est de maintenir la bonne santé métabolique des chèvres, mais aussi de diminuer les coûts reliés à l’alimentation. Plusieurs pistes peuvent être exploitées.

La qualité des fourrages

Maximiser la qualité des fourrages est sans contredit la meilleure façon d’améliorer leur consommation et de diminuer la quantité de concentrés servis. Comment? En produisant des fourrages jeunes et bien conservés. En fonction de leur qualité, l’ingestion peut varier du simple au double. Aussi, les fourrages longs sont plus appétant pour la chèvre et donc, seront mieux consommés.  Idéalement, on servira les fourrages de meilleure qualité aux chèvres en fin de gestation et en début de lactation.

Il est primordial d’éviter de forcer la consommation de fourrages de moins bonne qualité en conservant un seuil minimum de 5 à 10 % de refus.

La gestion des refus

Lorsque les stocks de fourrage sont suffisants, l’apport de concentrés peut être diminué en augmentant la quantité de fourrages distribués. Cela permet d’améliorer la quantité et la valeur du fourrage ingéré en favorisant le tri par les chèvres. Le passage d’un refus limité à 5 % à un refus de 15-20 % peut augmenter la quantité de fourrage ingérée d’environ 0,2 kg de matière sèche par chèvre par jour.

La distribution des fourrages

L’augmentation du nombre de repas ainsi que le repoussage du fourrage favorisent la quantité de fourrages ingérée. La distribution du foin doit se faire au minimum deux fois par jour. Entre 70 et 75 % de la matière sèche est ingérée par la chèvre lors des repas principaux. Les repas secondaires sont responsables de 25 à 30 % de la matière sèche ingérée. Les plus fortes consommatrices de fourrages sont les chèvres qui mangent le plus de repas secondaires.

Le bien-être des animaux

Il est important de respecter les recommandations pour l’espace à la mangeoire et l’accès aux abreuvoirs. En s’assurant de respecter les bonnes mesures, la concurrence diminue et toutes les chèvres peuvent réellement accéder aux fourrages. Une meilleure luminosité dans la chèvrerie a aussi un impact positif sur la consommation de matière sèche. Une litière propre et sèche, une bonne ventilation ainsi que des onglons bien taillés contribuent également à maximiser l’ingestion.

Pour maximiser la productivité des chèvres, un éclairage de 200 lux (au niveau des yeux des chèvres) est recommandé. Une période de luminosité de la chèvrerie de 16 heures est également profitable.

Réforme et sélection

Une gestion rigoureuse de la réforme est nécessaire pour diminuer les coûts. Les animaux qui ne sont pas productifs coûtent cher à nourrir et rapportent peu. Il est important d’en être conscient. La même chose s’applique pour les sujets de remplacement. Rendre les chevrettes à la reproduction est une dépense importante. Il faut s’assurer de garder uniquement celles qui seront rentables une fois en lait.

Élever seulement le nombre de chevrettes nécessaires au remplacement permet de limiter les charges financières.

Une chose est certaine, chaque élevage est différent. Plusieurs opportunités peuvent être évaluées selon la réalité de chacune pour favoriser la durabilité et la pérennité de nos élevages caprins.

Une vidéo sur les facteurs clés à considérer pour l’alimentation des caprins est disponible sur notre chaîne YouTube.

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Par Caroline Brunelle, agr.
Référence en production caprine au Québec, elle apporte son expertise technique aux producteurs laitiers caprins qui font face à de grands défis dans ce secteur agricole marginal en développement. Conférencière et formatrice, elle a aussi participé à l’élaboration de plusieurs outils pratiques pour les producteurs tels que le Guide d’élevage de la chevrette laitière.